La communication du Collectif fédéral (d’animation et d’impulsion) du 27 février 2018 ne manque pas de piquant. Ce dernier nous explique en effet que, s’il viole allégrement les statuts fédéraux, c’est pour permettre l’expression des syndiqués individuels qui représentent, excusez du peu, « 70% de nos forces ».
Mais au fait, comment se fait-il que « 70% de nos forces » soient des syndiqués individuels ? La fédération n’y est-elle donc pour rien ? Où sont donc passées les résolutions du congrès fédéral de Cogolin (2008) et celles des congrès confédéraux (pas de syndiqués sans syndicat) ? Qui est responsable de la structuration des syndiqués ?
Pourquoi ce regain soudain d’intérêt pour ces syndiqués individuels, copieusement oubliés entre deux congrès et qui redeviennent soudain, à quelques semaines du congrès fédéral, l’objet de toutes les attentions ?
Il faut dire que pour une direction sortante, arriver à un congrès en portant 70% des voix, c’est une aubaine, une espèce d’assurance tous risques. Cela vaut le coup de violer les statuts et de risquer un procès des syndicats dont c’est, théoriquement, le congrès !
Il faut voir, par ailleurs, dans quelles conditions la fédération fait porter la voix de ces isolés au congrès ! Les assemblées « générales » départementales ont rarement réuni plus de 5 ou 6 « individuels », même dans le Nord, second département en termes de syndiqués.
L’exemple de l’assemblée générale parisienne, réunie par la fédération le 23 novembre 2017, est édifiant.
Après que l’AG a voté à 80% qu’elle n’était pas légitime pour désigner un délégué des isolés, une poignée de fédéraux s’est retirée avec quelques syndicats régionaux dans une salle de l’AG2R, fermée à clé, pour délibérer… à huis clos.
Il en a résulté un compte rendu rédigé par Charles Dassonville (responsable « à l’orga » de la fédé) qui indique qu’il y a eu… 2 candidats et que l’un des deux… a été élu. On ne saura jamais rien de plus. Ni qui a été élu, ni par qui, ni avec combien de voix. Cet individu, que les syndiqués parisiens individuels ne connaissent toujours pas 3 mois après l’AG et à 3 semaines du congrès portera leurs… 1500 voix !
C’est un exemple typique de l’attachement de la fédération à l’expression de la voix des syndiqués individuels, que des syndicats « riches » et méchants voudraient bâillonner (les infâmes !).
Nous traiter de syndicats « riches » alors que nous nous débattons pour boucler nos exercices ne manque pas non plus de sel, pour une fédération qui a multiplié par 2,5 son budget en 10 ans, atteignant 5.300.000€ annuels. Une fédération qui a multiplié par 5,2 ses fonds propres entre 2011 et 2016. Une fédération dans laquelle les cotisations forment 18,98% des ressources contre près de 54% provenant du… paritarisme. Ce qui donne une idée de la place essentielle de l’adhérent dans cette fédération.
Enfin et c’est sans doute le plus choquant, la fédération du commerce et des services qui a laissé à leur sort des dizaines de luttes, y compris de dimension nationale, qui n’a pas levé le petit doigt pendant des mois contre la première loi Macron (ouverture des magasins le dimanche et la nuit), nous laissant seuls dans la rue, nous donne aujourd’hui des leçons de lutte : il est vrai qu’à l’approche du congrès, elle s’agite de plus en plus bruyamment au travers d’opérations commandos composées d’élus et de mandatés.
Au nombre de fumigènes, de casquettes, de selfies et de t-shirts mobilisés, Macron aurait dû céder depuis longtemps !
Hier encore (courrier du 26 février 2018) la fédération nous invitait à saisir les tribunaux. Aujourd’hui, elle s’étrangle du fait que les médias risquent de récupérer l’affaire et… convoque une manifestation devant le TGI le 5 mars, ce qui, bien sûr, garantira une totale discrétion dans la presse.
Et elle nous traite… d’irresponsables ! Un comble.

Partager cet article

Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :